L’aide apportée à l’Arménie est bien inférieure à celle apportée à la Géorgie après la guerre

Des travailleurs de Goris, en Arménie, distribuent de l'aide suite au nettoyage ethnique des Arméniens du Karabakh

Par Alexander Pracht

Traduction par Arsinée Donoyan

L’Arménie a reçu environ 109 millions de dollars d’aide internationale de la part de ses partenaires internationaux à la suite de l’attaque azerbaïdjanaise de septembre 2023 contre le Haut-Karabakh. Cette ingérence a forcé presque tous les Arméniens de souche issus de la région à la quitter, selon le rapport de performance 2023 du gouvernement. La majeure partie de cette aide promise n’est pas encore parvenue à Erevan. Pour mettre cela en perspective, le pays voisin, la Géorgie, a reçu environ 4,5 milliards de dollars d’aide dans les deux ans qui ont suivi l’invasion russe de 2008.

Que s’est-il passé entre la Russie et la Géorgie en 2008?

Au début des années 1990, la Géorgie a connu d’importants conflits internes, lorsque deux de ses régions, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, ont demandé leur indépendance après la dissolution de l’Union soviétique. Ces régions, principalement peuplées de minorités ethniques ayant des liens historiques avec la Russie, ont déclaré leur indépendance de Tbilissi. Cela a donné lieu à de violents conflits entre les forces géorgiennes et les mouvements séparatistes. Les guerres ont pris fin en 1994 avec des cessez-le-feu négociés par la Russie, mais les tensions sont restées élevées. Ces cessez-le-feu ont fait de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud des États indépendants de facto, bien que non reconnus au niveau international. Depuis lors, les troupes russes restent stationnées dans les deux régions.

La situation s’est aggravée en août 2008 lorsque des affrontements entre les forces géorgiennes et les séparatistes sud-ossètes ont conduit à une guerre à grande échelle. La Géorgie, dirigée par un gouvernement pro-occidental mené par Mikheil Saakachvili, a lancé une offensive pour reconquérir l’Ossétie du Sud. Mais c’était sans compter l’intervention de la Russie qui a envoyé des troupes supplémentaires en Ossétie du Sud et en Abkhazie et a attaqué plusieurs villes de Géorgie à coup de bombes aériennes, de missiles et d’artillerie lourde.

Le conflit a duré cinq jours, aboutissant à une victoire décisive de la Russie et des séparatistes soutenus par Moscou. Après la guerre, Moscou a reconnu l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, une décision condamnée par la Géorgie et la majeure partie de la communauté internationale.

Qui a aidé l’Arménie et la Géorgie?

Erevan a principalement reçu une aide humanitaire de diverses organisations, comme le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Agence américaine pour le développement international (USAID), la Commission européenne, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Banque mondiale. En outre, les gouvernements de Chine, de Lettonie et de Lituanie ont fourni une assistance directe.

En revanche, le Fonds monétaire international a alloué 1,17 milliard de dollars à la Géorgie après les événements de 2008, la moitié de cette somme sous forme de subventions et l’autre moitié sous forme de prêts destinés à aider la Géorgie à faire face aux conséquences du conflit avec la Russie, et de la crise économique mondiale.

L’aide américaine à la Géorgie en 2008-2009 a dépassé 1 milliard de dollars, dont 250 millions de dollars en aide budgétaire directe et 100 millions de dollars supplémentaires de la Millennium Challenge Corporation, selon le Service de recherche du Congrès américain.

L’aide internationale à la Géorgie s’est élevée à 4,5 milliards de dollars entre 2008 et 2010, dont 2,4 milliards provenant de diverses institutions financières. Sur une période plus longue, de 1992 à 2020, l’aide américaine à la Géorgie s’est élevée à un montant presque identique, dépassant les 4,3 milliards de dollars.

Le gouvernement arménien s’attend-il à davantage d’aide?

Le vice-Premier ministre arménien Tigran Khachatryan a déconseillé de porter des jugements critiques sur cette question. « Ce que nous avons reçu jusqu’à présent de nos partenaires internationaux est une bonne contribution pour aider l’Arménie à fournir des logements aux réfugiés », a-t-il déclaré.

Khachatryan estime également que l’on peut s’attendre à davantage d’aide de la part de la communauté internationale, car l’Arménie continue de soutenir les réfugiés du Karabakh de diverses manières.

Répondant aux inquiétudes selon lesquelles une partie importante des 109 millions de dollars d’aide à l’Arménie n’a pas été versée, Khachatryan a déclaré que le gouvernement n’avait aucun doute sur le fait que ces promesses seraient tenues.

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