Vers un axe Paris – Erevan ?

Le week-end dernier a été annoncée la composition du nouveau gouvernement français, un gouvernement qui compte parmi ses membres un nombre sans précédent de soutien à la cause arménienne. L’Arménie saura-t-elle en tirer profit?

C’est de notoriété publique, le nouveau Premier ministre français, Michel Barnier est un fervent défenseur de l’Arménie et de l’Artsakh. Il s’était rendu en Arménie et en Artsakh en décembre 2012 avec l’ancienne candidate du parti de droite Les Républicains à la présidentielle de 2022 Valérie Pécresse et Bruno Retailleauafin d’y réaffirmer leur soutien à la cause arménienne. La question est de savoir si l’Azerbaïdjan retirera de sa liste noire les noms de ces trois personnalités publiques qui se sont tous rendus en Artsakh.

Les défenseurs de la cause arménienne ont applaudi l’entrée de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui a tant œuvré pour l’Arménie et l’Artsakh au Sénat. Il fut Président du groupe d’information internationale sur le Haut-Karabagh au Sénat et toujours prompt à alerter sur les dangers qu’encourent l’Arménie et l’Artsakh, via notamment les nombreuses manifestations qu’il a initiées dans la chambre haute. Originaire de la Vendée, région rebelle française à la révolution et meurtrie par un génocide à la fin du XVIIIe siècle, la question arménienne et de l’Artsakh libre, celle des Assyro-Chaldéens, lui tiennent tout particulièrement à cœur.

Trois ministres engagés dans la défense de l’Arménie et de l’Artsakh font partie du nouveau gouvernement. Il s’agit de Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail et de l’Emploi, de Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, dont le père fut attaché culturel à l’Ambassade de France en Arménie, et d’Antoine Armand, nouveau et tout jeune -33 ans à peine – ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Ce dernier avait au cours de sa scolarité rédigé un mémoire de recherche sur la responsabilité de l’Allemagne dans le génocide de 1915.

Trois autres amis de l’Arménie et de l’Artsakh se trouvent au sein du nouveau gouvernement. Il s’agit de Nicolas Daragon, Ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien, qui en tant que Maire de Valence a toujours œuvré dans sa ville en faveur de la cause arménienne. Didier Migaud, Garde des Sceaux, fut un des premiers parlementaires dans les années 1990 à se préoccuper des enjeux qui se jouaient en Artsakh. Il a d’ailleurs été à l’initiative de plusieurs lois sanctionnant la négation du génocide des Arméniens. Et enfin, Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, est également un défenseur de la démocratie arménienne.

Enfin on ne peut que se réjouir de la reconduite de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, de la nomination d’Anne Genetet à l’Education nationale, et de celle de Laurent Saint-Martin, ministre chargé du Budget et des Comptes publics, qui ont fait part de leur soutien à l’Arménie et à l’Artsakh.

Il reste à savoir si l’engagement philo-arménien de ces personnalités contribuera à renforcer la démocratie arménienne économiquement et surtout physiquement face à la menace azerbaïdjanaise qui pointe à l’horizon. Dans son discours face à l’Assemblée Générale des Nations Unies, le président Emmanuel Macron a mentionné la menace que fait peser l’Azerbaïdjan sur l’intégrité territoriale de l’Arménie, réitérant sa solidarité à l’Arménie. Pas une seule fois il a fait allusion à la nécessité de libérer les prisonniers arméniens retenus dans les geôles azerbaïdjanaises ni du droit au retour des Arméniens de l’Artsakh chassés de leur terre, encore moins d’un moindre statut pour cette terre martyrisée. Un droit inaliénable à vivre en sécurité sur leur terre avec des garanties internationales. Nous n’en sommes pas encore à ce stade, mais la ligne de Paris semble plus cohérente que jamais dans son soutien à l’Arménie. Les opposants au gouvernement arménien réitèreront, non sans raison, que le président français va plus loin que son homologue Nikol Pachinian, ce qui n’est guère difficile. Et dangereux pour les intérêts de la nation arménienne, car à chaque fois que les militants de la cause arménienne viendront solliciter le soutien de Paris sur le dossier de l’Artsakh et de la défense de l’Arménie ces derniers seront en droit de leur rétorquer entre les lignes cette réponse : « notre problème c’est Pachinian, nous ne pouvons pas être plus royalistes que le roi »

Tigran Yegavian

  • Cet article va droit au point. À NY, M.Pashinyan a parlé de tour sauf que des droits fondamentaux des Arménien, privilégiant l‘importance de son parti oar rappirt à son peuple. En trois phrases, par contre, M. Macron a remis l‘église au centre du village. Il n‘y a pire malade de celui qui ne veut pas guérir. Bon: avant tout il faut savoir d‘être malade…

leave a reply