Le premier programme de satellites de l’Arménie, lancé en grande pompe en mai 2022, a été entaché de promesses non tenues et de revers, soulevant des questions sur l’efficacité et la gestion du projet.
Promesses ambitieuses vs. réalité
Lorsque le satellite ARMSAT-1 a été lancé en orbite le 25 mai 2022, à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX, le Premier ministre Nikol Pashinyan s’est targué de déclarations ambitieuses sur le potentiel de l’engin.
“Dans un avenir proche, plus précisément en 2022, et d’ici la fin de 2023, l’Arménie établirait à la fois un centre de contrôle des satellites et une station de réception,” a-t-il dit.
Ces installations devaient permettre au pays d’utiliser l’imagerie satellite à des fins critiques, notamment la surveillance des frontières et la prévention des catastrophes.
Cependant, ces promesses restent largement non tenues. Alors que le ministère de l’Industrie de haute technologie a affirmé en juin 2023 que le centre de contrôle était “prêt” et a ensuite annoncé l’achèvement de la station de réception, aucune des deux installations n’a été officiellement inaugurée à ce jour.
Préoccupations financières et transparence limitée
Le gouvernement n’a pas révélé grand-chose sur le coût total du projet, bien que d’anciens responsables aient donné quelques indications. Avetik Kerobyan, l’ancien président du Comité de l’industrie militaire, a déclaré en mai 2022 que le projet coûterait environ 5 millions de dollars. En outre, les documents gouvernementaux révèlent une injection de 3,32 milliards de drams (environ 7 millions de dollars) dans Geocosmos CJSC (une filiale du ministère de l’Industrie de haute technologie) qui s’est associée à la société espagnole Satlantis pour le développement du satellite.
Durée de vie limitée et défis techniques
Des informations récentes révèlent que le satellite pourrait avoir une durée de vie opérationnelle légèrement plus courte que prévu initialement. Satlantis, la société qui a conçu ARMSAT-1, a annoncé le 6 juillet 2022 que le satellite lancé le 25 mai était conçu pour fonctionner pendant au moins quatre ans, ce qui signifie qu’il était censé fonctionner au moins jusqu’en avril-mai 2026. Le ministère a indiqué que l’exploitation du satellite prendrait fin début 2026, invoquant divers problèmes techniques auxquels il fait face dans l’espace.
ARMSAT-1 est confronté à des défis constants liés au rayonnement cosmique, aux éruptions solaires périodiques et aux fluctuations extrêmes de température. Tout cela peut entraîner une dégradation du système et une défaillance potentielle. Comme d’autres satellites en orbite basse, ARMSAT-1 finira par descendre et se consumer dans l’atmosphère terrestre après la fin de sa vie opérationnelle.
Questions sur la fonctionnalité
Le ministre de l’Industrie de haute technologie, Mkhitar Hayrapetyan, a insisté sur le fait que le satellite était opérationnel et prenait des photos. Cependant, le ministère a hésité à publier des images originales de haute qualité du satellite. Au lieu de cela, il n’a partagé que des images traitées et de mauvaise qualité, ce qui soulève des doutes sur les capacités réelles du satellite.
Our beautiful homeland #Armenia in different seasons, as captured by #ARMSAT-1 from orbit. pic.twitter.com/roTAss7rMu
— Mkhitar Hayrapetyan (@Hayrapetyan_M) November 21, 2024
Implications futures
Les défis auxquels est confronté le premier programme de satellites de l’Arménie mettent en évidence des problèmes cruciaux dans les ambitions spatiales et la gestion de projet du pays. Bien que l’initiative ait marqué une étape importante dans le secteur spatial, l’écart entre les promesses et les réalisations souligne la nécessité d’une planification plus réaliste et d’une plus grande transparence dans les futures initiatives technologiques.
Alors qu’ARMSAT-1 approche de la fin de sa vie opérationnelle, les promesses non tenues concernant les infrastructures terrestres et la transparence limitée du projet peuvent servir de leçons précieuses pour les futures initiatives spatiales de l’Arménie.
Le 27 novembre, les forces de l’ordre ont confirmé à #CivilnetCheck les précédents rapports des médias selon lesquels une affaire pénale était en cours d’ouverture concernant le programme de satellites ARMSAT-1, bien qu’elles aient refusé de fournir plus de détails.
Auteur: Hayk Hovhannisyan
Traduction: Ani Paitjan