CivilNet, ainsi que d’autres organisations internationales de fact checking (vérification des faits), ont adressé une lettre ouverte au PDG de Meta, Mark Zuckerberg, exhortant l’entreprise à revenir sur sa décision de mettre fin au programme de vérification des faits aux États-Unis, annoncée mercredi 8 janvier.
La lettre, signée par des partenaires de fact checking du monde entier, souligne les progrès significatifs réalisés depuis le lancement du programme en 2016. L’initiative a été saluée pour avoir réduit la propagation de fausses informations sur les plateformes de Meta comme Facebook, Instagram et Threads, sans censurer les utilisateurs. Les signataires rejettent l’affirmation de Zuckerberg selon laquelle le programme est devenu un outil de censure, soulignant que les vérificateurs de faits opèrent selon des normes strictes et non partisanes vérifiées par l’International Fact-Checking Network.
“Nous pensons – et les données le montrent – que la plupart des gens sur les réseaux sociaux recherchent des informations fiables pour prendre des décisions concernant leur vie et pour avoir de bonnes interactions avec leurs amis et leur famille. […] La liberté de dire pourquoi quelque chose n’est pas vrai est aussi la liberté d’expression”, affirment les signataires.
En réponse aux critiques de Zuckerberg, la lettre précise que les fact-checkeurs (vérificateurs de faits) n’ont jamais eu le pouvoir de supprimer du contenu ou des comptes et ne sont pas responsables des politiques de modération de contenu de Meta. Au lieu de cela, ils ont fourni des évaluations fondées sur des preuves pour étiqueter et déclasser les fake news (fausses informations). La communauté des fact-checkeurs a également exprimé des inquiétudes concernant l’exemption accordée par Meta aux politiciens du fact-checking. Cette décision a, selon eux, miné l’efficacité du programme.
Les fact-checkers ont également exprimé leur inquiétude quant aux implications mondiales potentielles de la décision de Meta. Bien que l’arrêt du programme ne s’applique actuellement qu’aux États-Unis, ils ont averti que l’étendre à d’autres pays pourrait entraîner de graves conséquences, en particulier dans les régions vulnérables où la désinformation peut inciter à la violence, déstabiliser les gouvernements et même provoquer un génocide.
“La décision de mettre fin au programme de fact checking par des tiers de Meta est un pas en arrière pour ceux qui veulent un Internet privilégiant les informations exactes et fiables”, indique la lettre. “En tant que journalistes, nous restons inébranlables dans notre engagement en faveur de la liberté de la presse, en veillant à ce que la recherche de la vérité demeure une pierre angulaire de la démocratie”, concluent les signataires.
CivilNet a rejoint le programme de vérification des faits de Meta en juillet dernier, impliquant des fact-checkers de langue maternelle arménienne pour examiner et évaluer l’exactitude du contenu dans le pays, devenant ainsi la première organisation médiatique arménienne à le faire. À l’heure actuelle, Meta travaille avec plus de 100 partenaires de vérification des faits dans plus de 60 langues à travers le monde.
Vous pouvez lire la lettre dans son intégralité ici.