Robert Kotcharian interrogé sur les tueries de mars 2008

L’ancien président d’Arménie, Robert Kotcharian, a reçu une assignation à comparaître devant le Service spécial d’investigation de la République d’Arménie. L’assignation concerne la tuerie des manifestants, qui a eu lieu suite à l’élection présidentielle de 2008.

Le Service spécial d’investigation a confirmé la nouvelle auprès de CivilNet, précisant qu’une déclaration officielle devait encore être communiquée.

Victor Soghomyan, chef de bureau de Robert Kotcharian, a indiqué à CivilNet qu’à ce jour, 14h, ils n’avaient reçu aucune assignation. Et Kotcharian, lui-même, se trouve en dehors de l’Arménie.

Le 19 février 2008, suite à l’élection présidentielle marquée par des fraudes et abus électoraux, Serge Sarkissian est devenu président de l’Arménie. Son opposant, le premier président de l’Arménie Levon Ter-Petrossian et ses partisans, ont rejeté les résultats de l’élection. À l’époque, le président Robert Kotcharian avait annoncé l’état d’urgence et une subdivision militaire était entrée dans Erevan. Le 1er mars, le rassemblement grandissant et les manifestations pacifiques ont fait face à l’usage intensif de la force par les autorités. Résultat: dix personnes ont perdu la vie et environ 300 personnes ont été blessées.

Hier, le Service spécial d’investigation a rendu public une déclaration dans laquelle il est assuré que le Colonel Général Mikael Harutyunyan sera inculpé dans l’affaire du 1er mars. Il est accusé de démantèlement de l’ordre constitutionnel avec accord préalable d’autres individus du 23 février au 2 mars 2008.

“[L’ancien] ministre de la Défense Mikael Harutyunyan et d’autres responsables ont violé la constitution de la République d’Arménie lorsqu’ils ont déclaré l’ordre militaire et ont fait usage de forces armées contre les citoyens participant à des rassemblements pacifiques,” peut-on lire dans le communiqué.

Une enquête quant à l’implication de Mikael Harutyunyan sera ouverte et une requête pour un mandat d’arrêt a été déposée auprès de la Cour.

La manifestation du 1er mars était menée par l’actuel Premier ministre Nikol Pashinian qui, à l’époque, était le partisan principal de Ter-Petrossian. Suite aux événements funestes du 1er mars, Pashinian a été déclaré personne recherchée. Il a immédiatement pris la fuite mais s’est finalement rendu en juillet 2009. Il a été accusé d’avoir causé un trouble de masse et a été condamné à sept ans de prison. Deux ans plus tard, en mai 2011, il a été libéré sous amnistie.

Au cours des dix années, personne n’a été tenue responsable pour les victimes décédées le 1er mars.

Dans ces nombreux discours et articles, Pashinian a accusé les anciens présidents Robert Kotcharian et Serge Sarkissian de ces tueries et a déclaré à maintes reprises que leurs auteurs devaient être tenus responsables.

Après son investiture au poste de Premier ministre suite à la Révolution de Velours en 2018, Pashinian a annoncé que l’enquête sur l’affaire du 1er mars représente une priorité pour son nouveau cabinet.

Zara Poghosyan

Syuzanna Petrosyan

Ani Paitjan