Des activistes troublent la conférence de presse de Kotcharian

La conférence de presse de l’ancien président d’Arménie Robert Kotcharian, prévue le 14 août à midi à Erevan, a été perturbée par des activistes. Ils ont bloqués l’entrée du bâtiment.

Les activistes accusent Kotcharian d’avoir fomenté les violences post-élections du 1er mars 2008. Ce jour-là, un affrontement entre les forces du gouvernement et les protestataires a provoqué la mort de huit civils, de deux policiers et a fait environ 300 blessés.

Le 13 août, les avocats de Kotcharian ont annoncé que le second président tiendrait une conférence de presse le jour suivant. L’annonce a été faite juste après la décision de la Cour pénale d’appel de libérer Kotcharian. Ce dernier était détenu depuis le 27 juillet. Il est accusé d’avoir renversé l’ordre constitutionnel à la suite de l’élection présidentielle du 19 février 2008.

Le bureau de l’ancien président n’a pas perdu de temps pour commenter cette conférence de presse avortée.

“ L’incident d’aujourd’hui semble confirmer la crainte que les nouvelles autorités ne toléreront pas la dissidence et autoriseront les persécutions politiques contre les opposants, particulièrement contre ceux dont le poids et les perspectives politiques sont un motif sérieux de préoccupation pour eux,” a déclaré le bureau de Kotcharian.

Plus tard ce même jour, dans une vidéo en direct sur Facebook, le Premier ministre d’Arménie Nikol Pachinian a réagi aux événements du jour. “Toute personne ayant commis un crime à l’égard de l’Etat et de ses citoyens sera tenu responsable. Cette voie de l’établissement de l’Etat de droit n’a pas d’alternative,” a appuyé Pachinian.

Selon le bureau de Kotcharian, ce dernier ne gardera pas le silence. Ses avocats ont déclaré que, “d’une manière ou d’une autre”, il ferait part de son point de vue sur les questions politiques les plus récentes via une nouvelle conférence de presse ou une interview.

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Le Service spécial d’investigation d’Arménie a questionné Kotcharian le 26 juillet en tant que témoin dans l’affaire du 1er mars. Le même jour, il a été mis en accusation pour renversement de l’ordre constitutionnel à la suite de l’élection présidentielle du 19 février 2008 .

Kotcharian a qualifié la procédure pénale lancée contre lui de représailles politiques.

Le secrétaire général de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et chef d’état-major des Forces armées arméniennes, Yuri Khatchaturov, a également été accusé, le 26 juillet 2018, d’avoir renversé l’ordre constitutionnel de la République d’Arménie.

L’ancien chef d’état-major, Armen Gevorgyan, a aussi été mis en accusation, cette fois-ci pour obstruction à la justice.

Contexte:

Le 19 février 2008, Serge Sarkissian est devenu le président d’Arménie. Son opposant, le premier président d’Arménie, Levon Ter-Petrossian, et ses partisans, n’ont pas accepté les résultats de l’élection.

Les dix jours qui ont suivi, des sits-ins se sont tenus en permanence autour de l’Opéra, sur la place de la Liberté.

Le président de l’époque, Robert Kotcharian, a lancé l’état d’urgence et les subdivisions de l’armée ont pénétré la ville d’ Erevan. Le 1er mars, les forces du gouvernement et les protestataires se sont affrontés. Huit civils et deux policiers ont perdu la vie et à peu près 300 personnes ont été blessées.

Au cours des dix années, personne n’a été tenue légalement responsable des morts du 1er mars.

Ani Paitjan