Une manifestation pour la paix au Karabakh

Ce jeudi 08 octobre avait lieu devant l’ambassade de Turquie à Paris une manifestation pour la paix au Karabakh . Retour en images et témoignages de manifestant.es.

Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?

Tamare : Pour représenter l’Arménie et demander la paix.

Ani : Parce qu’on est un peuple. Parce qu’on n’a pas cherché cette guerre et qu’on ne la veut pas.

Pourquoi êtes-vous aujourd’hui devant l’ambassade de Turquie à Paris ?

Ani : Aujourd’hui c’est devant l’ambassade de Turquie, demain ça sera ailleurs. Quel que soit l’endroit on y sera. Et s’il faut faire plus, on fera plus, de manière pacifiste. On est là pour réveiller les Etats, les grands Etats, car l’Arménie c’est un tout petit pays. Mais il y a beaucoup de pays autours et d’enjeux. Et si les gouvernements, que ce soit Minsk ou les autres Etats européens, ne se rendent pas compte des répercussions de ce conflit, je pense que ça peut aller très loin et ce n’est vraiment pas le moment. Sans même parler de la situation du COVID. Et puis, qu’on nous dise qu’on a déclaré la guerre, mais on va ou ?

Vous, en tant que membres de la diaspora arménienne, comment voyez-vous votre rôle, vous ici, eux là-bas ?

Tamare : On est une très grande diaspora à travers le monde, entre les Etats Unis, la Russie et la France et donc on se soutient. On se sent un peu responsable et c’est pour ça qu’on est là aujourd’hui. Nous on n’est pas les victimes directes mais il faut qu’elles soient représentées ici.

En tant que citoyenne française, qu’est-ce que vous auriez envie de dire au gouvernement français ?

Ani : Le gouvernement français fait de son mieux je dirais, mais pourrait faire mieux et encore plus. Il pourrait emmener avec lui les membres des autres pays européens. De notre côté, ça fait des années qu’on alerte sur la Turquie, sur le fait qu’elle ne devrait pas rentrer en Europe. Nous on connait la Turquie, on a vécu des choses, et il faut savoir dire stop. Pourquoi l’Arménie devrait-elle payer le silence des grands pays ? Nous n’acceptons pas.

Si vous aviez quelque chose à dire aux arménien.es d’Erevan et aux arménien.es du Karabakh aujourd’hui ce serait quoi ?

Ani : On est là pour eux. On est là. Et s’il faut on ira. Moi personnellement j’irai. J’irai panser les plaies puisque je refuse de prendre des armes. J’irai panser les plaies, j’irai soigner. Parce qu’il faut qu’on résiste. Il faut qu’on résiste.

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Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?

Arnak : Avant tout on est là pour montrer notre solidarité avec les arméniens qui se battent maintenant sur le front et pour exiger que la communauté internationale réagisse le plus rapidement possible. Que sa réaction soit rapide, efficace et vraiment sans aucune ambiguïté. Parce qu’on entend dans les médias plein de choses alors que la situation sur le front est quand même assez claire, et on ne comprend pas comment la communauté internationale pourrait croire aux mensonges des azéris. On est là pour dire qu’il faut que ça cesse et le plus rapidement possible.

Pourquoi êtes-vous aujourd’hui devant l’ambassade de Turquie à Paris ?

Arnak: parce que tout le monde voit que la Turquie est à 100% impliquée dans ce conflit. S’il n’y avait pas la Turquie, le conflit n’aurait pas recommencé maintenant alors qu’il y avait des négociations et il y avait un cessez le feu, depuis 30 ans. On a vu, quelques semaines avant que les combats commencent, des entrainements militaires avec les forces armées turques et azéris. Et, comme par hasard, quelques semaines, après alors que des forces turques étaient restées en Azerbaïdjan, la guerre a éclaté. C’est donc avant tout sur la Turquie qu’il faut faire pression pour qu’elle arrête d’envenimer la situation. Erdogan l’a dit très clairement, son but c’est de finir ce que le gouvernement turc a commencé il y a plus d’un siècle. Il faut une réponse forte et unanime de la part de la communauté internationale contre ce projet.

Pour vous cette réponse forte, unanime et efficace ça voudrait dire quoi ?

Arnak : ca peut être une réponse politique, le mieux serait de commencer par des choses simples comme des sanctions économiques. Si l’Azerbaïdjan peut avoir un budget militaire de 2 milliards de dollars par an c’est parce qu’il arrive à vendre son gaz et son pétrole à l’Europe. Comment ont-ils réussi à mettre des sanctions contre l’Iran ? Ils peuvent très bien faire la même chose avec l’Azerbaïdjan.

Edouard : il faut des sanctions économiques mais il faut surtout reconnaitre la république du Karabakh comme république indépendante. Il faut que ça soit acté.

Arnak : on a eu la même situation au Kosovo. Le pays a été reconnu indépendant car la communauté internationale a senti qu’il y avait un danger vital pour la population locale. C’est exactement la même chose qui se passe maintenant au Karabakh. Donc la communauté internationale doit faire la même chose et reconnaitre l’indépendance.

Vous, en tant que membres de la diaspora arménienne, comment voyez-vous votre rôle, vous ici, eux là-bas ?

Arnak : Nous on vit ici comme si on était là-bas maintenant. Dans des situations comme ça, on n’a pas vraiment l’impression d’être loin. On est de tout cœur avec eux et tout ce qu’on pourrait faire sur place là-bas, on fait la même chose ici pour les aider.

Burat : notre rôle c’est déjà d’aider financièrement mais aussi de faire connaitre le sujet car on n’en parle pas beaucoup dans les médias. Il y a beaucoup de médias qui mettent vraiment les deux parties sur un pied d’égalité alors que ce n’est pas juste. Une partie agresse, l’autre est agressée. Notre rôle, entre autres, c’est de sensibiliser les gens autour de nous pour qu’ils puissent faire pression sur leur gouvernement pour soutenir l’Arménie. Après on est bien conscient que ça se joue la bas. C’est aux arméniens sur le terrain de se défendre.

Si vous aviez quelque chose à dire aux arménien.es d’Erevan et aux arménien.es du Karabakh aujourd’hui ce serait quoi ?

Burat : Courage.

Arnak : on est fier, on est fier de nos soldats, je suis tous les jours impressionnés par la manière dont ils défendent nos frontières. C’est notre fierté aujourd’hui. La fierté de tous les arméniens du monde.

Edouard : c’est vraiment le moment d’être unis. Tous les arméniens doivent être unis, en diaspora, à Artsakh, partout. Nous avons un seul combat, et ce combat est pour la paix, pour que tout le monde puisse vivre en paix. Pas seulement les arméniens mais aussi les azéris. Que tout le monde puisse vivre en paix dans cette région. On se bat pour ça et on va gagner ce combat.

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Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?

Armand : en solidarité par rapport au peuple arménien, pour les aider, par la mémoire de tout ce qui s’est déjà passé en Arménie. Pour être solidaire, une solidarité dont ils ont besoin. Nous sommes présents.

Christiane: ils ont besoin de notre soutien moral. Il y a un soutien financier qui se fait aussi. Aujourd’hui c’est un témoignage qui est porté aussi. On a toujours été aux manifestations du 24 avril et là on est dans une répétition. Donc, sans trop se poser de questions, malgré notre grand âge, on est là ce soir.

Vous, en tant que membres de la diaspora arménienne, comment voyez-vous votre rôle, vous ici, eux là-bas ?

Armand : l’objectif c’est d’intervenir pour que les autorités en France agissent. Pour l’instant il y a beaucoup de paroles mais pas d’actes. Que ça soit l’ONU ou le groupe de Minsk, nous voyons qu’il n’y a pas d’actions concrètes depuis 30 ans devant ces évènements.

Selon vous, qu’est ce qui devrait être fait, par les Etats européens ou la France pour cette situation ?

Armand : la solution c’est de reconnaitre le Karabakh. Pour qu’il y ait la paix dans ces pays, il faut reconnaitre le Karabakh.

Pourquoi êtes-vous aujourd’hui devant l’ambassade de Turquie à Paris ?

Armand : parce que nous pensons que la Turquie a mis le feu aux poudres. C’est elle qui tire les ficelles.

Christiane : la Turquie l’a verbalisé aussi, en disant que son combat était le même que celui de l’Azerbaïdjan. Ce sont les mêmes intérêts, une seule cause.

Si vous aviez quelque chose à dire aux arménien.es d’Erevan et aux arménien.es du Karabakh aujourd’hui ce serait quoi ?

Armand : Tenez bon ! Tenez bon ! On est avec vous, on prie pour vous. On est solidaire avec vous, on est là, présents, on fait ce qu’on peut, avec tout ce qu’on a.

Christiane : on fait comme on peut mais on vous soutient.

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Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?

Claudia : On est ici pour montrer au monde que les arméniens existent et pour faire réagir. Aujourd’hui beaucoup de personnes meurent sur le front, ce sont des jeunes, ils ont 18 ans, 19 ans, 20 ans, ils sont plus jeunes que nous et ça nous fait de la peine que le monde entier en parle à la fin des informations mais ne réagit pas.

Vous, en tant que membres de la diaspora arménienne, comment voyez-vous votre rôle, vous ici, eux là-bas ?

Claudia : Il faut en parler. Moi aujourd’hui j’en parle tous les jours sur les réseaux sociaux, j’essaye de mettre le maximum de choses pour que tout le monde soit au courant. C’est malheureux car aujourd’hui ça fait 10 jours qu’on est en guerre et il n’y a que 5 personnes qui ont réagi à mes posts. Mais c’est toujours 5 personnes donc si tout le monde le fait, ça fera peut-être réagir. On n’arrive pas vraiment à les aider davantage, mise à part des récoltes de médicaments, de vêtements. On essaie de faire le maximum.

Pourquoi êtes-vous aujourd’hui devant l’ambassade de Turquie à Paris ?

Claudia : Parce que c’est Erdogan qui est derrière tout ça. Il demande à Aliev de nous exterminer car il veut terminer ce que ses ancêtres ont fait en 1915. Ils veulent récupérer notre territoire pour reconstruire l’empire ottoman. Mais nous on est là et on veut y rester. On veut montrer que les arméniens sont là et qu’on veut garder ce territoire, tout simplement.

Justement si vous aviez quelque chose à dire aux arménien.es d’Erevan et aux arménien.ess du Karabakh aujourd’hui ça serait quoi ?

Claudia : qu’ils fassent attention à eux, que je les remercie de partir se battre. Il faut se battre pour nos terres car c’est notre identité, nos racines, notre culture.

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Pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?

Nicolas : pour appeler à l’aide internationale, pour aider l’Arménie, parce qu’elle est un peu toute seule dans ce conflit. Sachant que de l’autre côté, l’Azerbaïdjan a fait appel à la Turquie, et aux terroristes, aussi bien syriens que pakistanais. On se sent un peu démunis face à l’ennemi.

Pourquoi êtes-vous aujourd’hui devant l’ambassade de Turquie à Paris ?

Aram : Ce n’est pas anodin d’être ici, ce n’est pas par hasard, ça lance un message fort. Espérons qu’il soit entendu.

Vous, en tant que membres de la diaspora arménienne, comment voyez-vous votre rôle, vous ici, eux là-bas ?

Aram : nous on est en France, on ne peut pas forcement se déplacer et aller faire la guerre au côté des jeunes qui ont notre âge. On soutient comme on peut même si c’est rien ce qu’on fait là.

Nicolas : on essaye de faire appel aux dons, de mobiliser, que ce soit par les réseaux sociaux ou pour ramener des gens à notre cause.

Selon vous, quelle serait la solution pour ce conflit ?

Nicolas : il faudrait organiser un cessez le feu et convaincre l’Azerbaïdjan d’arrêter leurs attaques contre les civils.

Si vous aviez quelque chose à dire aux arméniens d’Erevan et aux arméniens du Karabakh aujourd’hui ça serait quoi ?

Aram : je leur donnerai beaucoup de force, surtout aux familles et aux mères qui sont là à attendre.

Nicolas : il ne faut pas arrêter, il ne faut pas abandonner, il faut continuer à se battre.

L’article original est issu de MEDIAPART.